Figure majeure des études présocratiques en France, Clémence Ramnoux a été une pionnière à plusieurs égards : première femme à avoir été admise à l'ENS (1927) puis à la School of Historical Studies de l’IAS de Princeton (1955-1956, 1960), elle a contribué de façon significative au renouvellement des recherches sur la pensée archaïque, à une époque où ce domaine de recherche était fortement limité par la perspective historique qui réduisait les premiers penseurs à une entrée dans la matière des grands textes de la philosophie.

En faisant sienne la leçon de Harold Cherniss, elle soumit les sources doxographiques des présocratiques à une lecture critique, afin de mettre au jour les raisons sous-jacentes de la transmission, tout en répondant à une interrogation centrale à son époque. Il s’agissait d’analyser les relations de la philosophie naissante avec la pensée théogonique et cosmologique afin de comprendre les racines de la pensée rationnelle, ses conditions de possibilité, ses relations complexes avec la pensée religieuse et traditionnelle.

Pour ce faire, elle mit au point une méthode de lecture interdisciplinaire qui tenait de la linguistique, de la philologie, de l'histoire des religions et de la psychanalyse. À ce titre, le nom de Clémence Ramnoux doit être associé à ceux de J.-P. Vernant et de P.-M. Schuhl, qui dans le même tournant développaient et approfondissaient selon des approches différentes le débat ouvert en Angleterre par les travaux de F. M. Cornford, notamment par son ouvrage From Religion to Philosophy (Cambridge 1913). Ce cycle de séminaires, qui s'inscrit dans le programme « Clémence Ramnoux : la pensée archaïque à la croisée des sciences de l'Antiquité et des sciences humaines » de l'Initiative Sciences de l'Antiquité (ISAntiq, Sorbonne Université), entend revenir sur les étapes les plus significatives du parcours intellectuel de Clémence Ramnoux, afin d'éclairer sa place dans le champ des études présocratiques et d'explorer son actualité.

• 16 décembre

Rossella Saetta Cottone (CNRS, Centre Léon Robin)
« Quelques repères sur la biographie et l'oeuvre de Clémence Ramnoux, en guise d'introduction »

• 20 janvier

Didier Pralon (Université Aix-Marseille) - « Dumézil, Ramnoux, les Grecs »
Anna Beltrametti (Université de Pavie) - « Réponse à Didier Pralon »

• 10 février

Nuria Scapin (Saint Andrews) - « La parole qui danse avec les étoiles. Avec Clémence Ramnoux et Gaston Bachelard vers une phénoménologie de l’imaginaire héraclitéen »
Victor Collard (EHESS-CESSP) - « Clémence Ramnoux et Pierre Bourdieu : deux générations de normaliens-philosophes découvrant la sociologie en Algérie (1958-1960) »

• 23 mars

Luc Brisson (CNRS, Centre Jean Pépin) - « Remarques sur l'importance de La Nuit et les enfants de la Nuit dans la tradition grecque »
Yves Courrier (Université de Montréal – UNESCO) - « L'enseignement de Clémence Ramnoux à Nanterre : un témoignage »

• 27 avril

Massimo Stella (Université Ca’Foscari, Venise) - « Clémence Ramnoux lit King Lear de Shakespeare : entre psychanalyse et linguistique, un guide pour les études comparatives »
Carlo Santaniello (Lycée « Socrate », Rome) - « Clémence Ramnoux : un essai d'interprétation d’Héraclite »

• 25 mai

Aldo Brancacci (Université La Sapienza, Rome) - « Clémence Ramnoux, Guido Calogero et la notion d'archaïsme en philosophie »
Prudence Audié (Centre Léon Robin – Université de Stuttgart) - « Le Nietzsche de Clémence Ramnoux »

• 8 juin

Jean-Claude Picot (chercheur indépendant) - « Clémence Ramnoux, lectrice d'Empédocle »
Luan Reborêdo Lemos (Centre Léon Robin) - « Clémence Ramnoux et l'écriture »